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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/54

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biographie du soi, la fixation d’états d’âmes, pour l’arabesque personnelle que le poète doit tracer autour de son caractère propre. Mais pour aborder les grands sujets, pour célébrer les rites fondamentaux de la vie et de l’intelligence, il conviendrait de recourir aux grandes orgues de l’alexandrin. En somme, le vers libre serait l’aboutissement nécessaire du poème en prose, créant une poésie à côté des proses et des cantiques, à côté de la loi et des liturgies.

Sans doute nous ne pourrions désigner aucune des œuvres du vers libre comme pouvant prétendre à être un de ces grands chants impersonnels auxquels allusionne M. Stéphane Mallarmé. L’objection se dresse donc pour l’avenir, encore que peut-être déjà, par de l’imprimé, combattue, mais non résolue. Elle touche d’ailleurs à la destinée de cette technique qui ne doit pas rester confinée à la poésie personnelle ou à la poésie décorative. C’est l’absence de cette grande œuvre qui nous fait conclure à un léger temps d’arrêt dans le développement de notre poésie ; c’est à dépasser nos limites que nous devons tendre, et quelqu’un trou-