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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/76

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I

Je veux, dans le lointain mat et crépusculaire
Du souvenir, figer l'image que j’aimais,
Que mon hiver s’imprègne aux ciels des jolis Mais !
Et toi qui traversas mon rêve, ô tutélaire,
Dont j’abdiquais jadis les lèvres pour jamais,

Reparais au palais noir de la conscience.
Tes cheveux, les rivaux du soleil ; ô le roux
Infini qui s’étend et balance, courroux
Des blonds exaspérés ; mon rêve se fiance
Au passé, livre enclos, très loin sous les verrous.

Son regard était doux ; pourquoi pas de colère ?
L’oubli, vieil écraseur des roses et des lys,
Verse l’apaisement dans les corps démolis,
Et la soif des regrets cuisants se désaltère. —
Regard bleuté, subtil fauteur de lents délits,