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Page:Kahn - Premiers Poèmes, 1897.djvu/77

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Son âme — Apparaissez, lunaire défiance,
Accoudements pensifs, triste sérénité ;
Altesse drape-toi dans ta dualité
De remords qui s’estompe et de câline enfance,
Débris où fleurissait de la divinité.

Sa voix ne chantait rien qui s’ébatte ou qui rie ;
Un peu de deuil seyait aux modes musicaux,
Et les notes glissaient leurs rayons amicaux
Comme vers une vague et lointaine Uranie,
Vert des pâles azurs, des obscurs idéaux.

Plus jamais je ne veux venir à ta caresse,
Masque pâle et poli d’anciennes douleurs,
Nimbé de lente grâce et choyé des couleurs,
Profond de souvenirs : boucle d’or en la tresse
Des vieux mois abolis et des présents malheurs.

Ô baiser qui s’en va vers l’ombre, et s’y marie !
Passe dans l’horizon que j’exige, frisson,
Mon esprit enlisé s’écoute à ta chanson,
Le fleuve aux quais souffrants du calme te charrie
Dans les douceurs, les songes morts et les tessons.