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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/109

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du changement de régime alimentaire a été la disparition complète du kakke. Cette dangereuse maladie, commune à tous les pays dont les habitants se nourrissent exclusivement de riz et de poisson, s’attaque de préférence aux hommes jeunes, robustes et bien constitués. Elle se manifeste d’abord par un engourdissement des extrémités, qui dans les cas graves se transforme rapidement en paralysie partielle. Le mal est souvent mortel et prive, dès les premiers accès, le malade de l’usage de ses membres.

On se rend compte du péril dont il menace les armées, d’autant plus qu’il sévit particulièrement parmi les grandes agglomérations humaines. Il a déjà paru, quoique sous une forme bénigne, en Corée, au commencement de la campagne, et a sensiblement diminué l’effectif des divisions du général Kouroki. Dans la flotte, au contraire, aucun cas de kakke ne s’est encore produit. L’état sanitaire des escadres est d’ailleurs excellent, ainsi que le démontre une statistique toute récente. La morbidité moyenne depuis le commencement de la guerre n’a pas dépassé cinquante-huit centièmes pour cent du contingent embarqué.

La boisson des équipages n’est pas, comme on pourrait le croire, l’eau distillée. Pour éviter le scorbut, on fabrique à Sassebo de la limonade gazeuse, expédiée à l’escadre par fournées de cinquante mille