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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/110

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bouteilles. Aux rations normales, dont le montant total revient à trente sens (soixante-quinze centimes) par homme et par jour, s’ajoutent les nombreux cadeaux que la population civile prodigue à la flotte. Un hangar spécial leur est affecté, en attendant qu’on les embarque ; des milliers de bouteilles d’eau minérale, des pyramides de boîtes de cigares y sont empilées, et le Manchou-Marou lui-même a l’honneur de porter à son bord une corbeille d’horribles fleurs artificielles que les blanches, ou plutôt les jaunes mains des dames de Yokosouka ont confectionnées à l’intention du Nelson japonais.

L’inspection de toutes ces merveilles nous amena jusqu’à l’heure de l’inévitable banquet qu’ont cru devoir nous offrir les autorités locales. Du moins devait-il présenter plus d’intérêt que les agapes du même genre subies a Kouré et à Etadjima. Quelques-uns de nos hôtes ont déjà joué un rôle important au cours des premiers combats. D’abord c’est le malheureux commandant du Hatsousé qu’on a eu toutes les peines du monde à secourir ; il s’était cramponné au bastingage et voulait couler avec son navire ; il fallut employer la force pour le sauver malgré lui. Voici le lieutenant Matsoumoura, officier d’ordonnance de l’amiral Togo, blessé par un éclat d’obus aux côtés du commandant en chef ; à peine guéri, il doit repartir demain pour le front. On nous montre