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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/180

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militaires doivent seules dicter la conduite à suivre. La méconnaissance de ces principes est plus surprenante de la part des Russes que de tout autre peuple. Le souvenir de Rostopchine est là pour les leur rappeler.

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Lorsqu’on voyage le long du Transsibérien, on peut parfois se croire en Europe. De loin en loin s’élèvent les maisons des gardes du chemin de fer, petits cubes de briques grises couverts de tuiles et entourés d’un jardinet dont la guerre a respecté les légumes et les fleurs. D’importantes plantations d’arbres de Russie, bouleaux et sapins, se sont développées rapidement et reposent agréablement la vue après la traversée des plaines monotones de sorgho.

Il est encore tôt quand notre convoi atteint la station de Ouafantien ; la maison du chef de gare nous a été donnée pour la nuit. J’achevai de m’y installer lorsque mon voiturier chinois fit irruption dans ma chambre et se mit à esquisser de grands gestes dénotant à la fois l’inquiétude et la colère. Après bien des efforts je compris que le brave Céleste demandait le paiement de ses services. Je l’envoyai au bureau des étapes, mais il revint à la charge : on refusait de l’indemniser. Force me fut de l’accompagner moi-même auprès de l’autorité militaire. Je trouvai là un capitaine en conversation animée avec le cantinier