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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/182

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Le Japonais se gratte la tête et lève les yeux pour chercher une phrase au plafond.

— Je vais faire quelque chose pour vous : je télégraphierai à Poulantien pour demander des détails au sujet du différend. La réponse me parviendra à midi au plus tard.

— Télégraphiez tout ce que vous voudrez. Ce n’est pas mon affaire ; le convoi part à huit heures, ou j’en ferai partie, ou il emportera ma réclamation. J’ai la lettre sur moi, cela vous intéresserait-il d’en prendre connaissance ?

— Je me soucie peu de cette réclamation ; je suis sûr d’avoir gain de cause. Retournez chez vous et je vous ferai connaître ma volonté.

J’étais à peine de retour auprès de mes collègues, qu’un sous-officier m’apportait l’autorisation de partir et faisait mettre une voiture entière à ma disposition. Cette aventure me permettait de constater une fois de plus que l’orgueil des Japonais fléchit toujours lorsqu’on leur parle avec énergie et netteté.

Nous voyageons aujourd’hui loin du chemin de fer. La route ne le rejoint qu’à quelques kilomètres au sud de la gare de Télissé, sur l’emplacement même de la bataille du 15 juin.

On sait que ce combat fut amené par le mouvement offensif que des ordres venus de Saint-Pétersbourg imposèrent au général Stackelberg. Celui-ci