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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/201

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échouèrent également ; il fallut ligoter l’animal pour en venir à bout.

Le contraste de cette fureur avec sa docilité de la veille était singulier. Un palefrenier chinois donna la solution de l’énigme en nous apprenant que, selon toute probabilité, on avait donné un narcotique à l’animal au moment de la vente. Le marchand mandchou avait « dopé » le cheval, tout comme un entraîneur américain de l’école contemporaine.

Une fois montée, la bête ne bougea plus. Pour la calmer tout à fait, à peine sorti des murs, je lui fis parcourir d’une traite et au galop deux ou trois kilomètres sur la route boueuse. Quand je m’arrêtai, je me trouvai isolé de la colonne avec un seul compagnon, Lewis, du New-York Herald. Nous n’avions aucun renseignement sur la direction à suivre. Nous ne connaissions que le nom du village fixé comme lieu de cantonnement ou plutôt un de ses noms.

Il faut savoir en effet qu’il y en a quatre pour chaque localité. Prenons un exemple : pour la bataille du 15 juin, les Russes disent : « Télitz » ; les cartes anglaises portent : « Tilissou » ; les Chinois articulent « Télissé » et les Japonais « Tokoridji ». Je vous fais grâce de l’appellation coréenne. Les Chinois et les Japonais parviennent à se comprendre par l’écriture, les caractères idéologiques étant les mêmes pour les deux peuples. Mais l’Européen, à moins de