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Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/202

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longues études, est incapable de s’y reconnaître. Nous n’avions d’autre ressource que de répéter constamment la prononciation japonaise aux passants, mais ils hochaient la tête sans comprendre.

Le soleil descendait sur l’horizon ; notre situation devenait précaire, lorsque la pluie vint la gâter tout à fait. Il fallut mettre pied à terre, nos chevaux glissant à chaque pas sur le sol argileux, et marcher en tirant les animaux par la bride.

Heureusement la plaine était parsemée de nombreux villages. Nous fûmes bientôt convaincus de l’inutilité de nos recherches dans l’obscurité croissante. Nous frappâmes à la porte d’une grande « fandza » (c’est ainsi qu’on appelle les maisons chinoises) et manifestâmes l’intention d’y coucher par un long discours où la prière et la menace tenaient une part égale. Le propriétaire calma les aboiements de ses chiens, et finit par nous ouvrir pour nous apprendre qu’il y avait, dans le village, un Japonais auprès duquel il s’offrit de nous conduire. Bientôt nous nous trouvions en face d’un capitaine du train, installé seul dans ce hameau lointain avec son ordonnance. Il nous expliqua qu’il n’était là que par hasard, en mission pour recruter des coolies ; sans se faire trop prier, il nous signa un ordre de réquisition et le remit au soldat pour nous accompagner auprès d’un des notables du village.