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Page:Kant-Critique de la raison pratique, trad. Barni, 1848.djvu/265

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CRITIQUE DE LA RAISON PRATIQUE.

Le respect pour la loi morale, en tant que ce sentiment ne se rapporte à aucun autre objet qu’à cette loi, est donc incontestablement un mobile moral et le seul qui mérite ce nom. La loi morale détermine d’abord objectivement et immédiatement la volonté dans le jugement de la raison ; mais la liberté, dont la causalité doit être déterminée uniquement par la loi, a précisément pour caractère de restreindre toutes les inclinations, et, par conséquent, l’estimation de la personne même, à l’observation de sa loi pure. Or cette restriction a un effet sur la sensibilité, et produit un sentiment de peine, que la loi morale peut faire connaître a priori. Comme ce n’est là qu’un effet négatif, qui, résultant de l’influence d’une raison pure pratique, porte préjudice à l’activité du sujet, en tant qu’il a des inclinations pour principes de détermination, et, par conséquent, à l’idée de sa valeur personnelle (laquelle n’est quelque chose qu’autant qu’elle s’accorde avec la loi morale), l’effet de cette loi sur la sensibilité est un sentiment d’humiliation, que nous pouvons à la vérité connaître a priori, mais sans pouvoir connaître par là autre chose que la résistance de la loi pure pratique aux mobiles de la sensibilité, ou sans pouvoir connaître la force de cette loi comme mobile. Mais aussi, comme cette même loi est un principe objectif, c’est-à-dire un principe qui doit déterminer immédiatement la volonté par la représentation de la raison pure, et que, par conséquent, cette humiliation n’a lieu que à cause de la pureté de la loi, ce qui, du côté sensible, rabaisse toute prétention à l’estime morale de soi-même, c’est-à--