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Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/137

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DES PRINCIPES DE LA RAISON PURE PRATIQUE 75


tations qui déterminent la volonté, tandis que dans la seconde, la volonté doit être cause des objets, si bien que la causalité de la volonté a son principe déterminant exclusivement dans la faculté de la raison pure, qui, pour cette raison, peut aussi être appelée une raison pure pratique.

Il y a donc deux problèmes : Comment la raison pure peut-elle, d’une part, connaître à priori des objets, et comment, d’autre part, peut-elle être immédiatement un principe déterminant de la volonté, c’est-à-dire de la causalité de l’être raisonnable, par rapport à la réalité des objets (simplement par la pensée de la valeur universelle de ses propres maximes comme loi). Ces deux problèmes sont très différents.

Le premier, appartenant à la Critique de la raison pure spéculative, exige qu’on explique d’abord comment sont possibles à priori des intuitions sans lesquelles aucun objet ne nous est nulle part (überall) donné et sans lesquelles, par suite, nul objet ne peut être connu synthétiquement. La solution de ce problème, c’est que toutes ces intuitions, n’étant que sensibles, ne rendent possible aucune connaissance spéculative qui irait plus loin que l’expérience possible et que, par conséquent, tous les principes de cette raison pure spéculative 1 [1] ne font que rendre possible l’expérience, soit d’objets donnés, soit d’objets qui peuvent être donnés à l’infini, sans jamais être donnés complètement.

Le second appartenant à la Critique de la raison pra-

  1. 1 Nous lisons, avec presque tous les éditeurs et traducteurs : speculativen, au lieu de : präktischen que donnent certains textes. (F. P.)