Aller au contenu

Page:Kant - Critique de la raison pratique (trad. Picavet).djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour la loi. La loi qui exige et en même temps inspire ce respect n’est autre, comme on le voit, que la loi morale (car aucune autre n’exclut tous les penchants de l’exercice d’une influence immédiate sur la volonté)1. L’action qui, d’après cette loi, à l’exclusion de tout principe de détermination tiré du penchant, est objectivement pratique, s’appelle devoir et le devoir, en raison de cette exclusion, contient dans son concept une contrainte (Nöthigung) pratique, c’est-à-dire une détermination à certaines actions, si peu volontiers (so ungerne) qu’on la prenne. Le sentiment, qui résulte de la conscience de cette contrainte, n’est pas pathologique, comme un sentiment qui serait produit par un objet des sens, mais seulement pratique, c’est-à-dire possible par une détermination antérieure (objective) do la volonté et une causalité de la raison. Il ne contient donc en soi, comme soumission à une loi, c’est-à-dire comme commandement (ce qui indique coercition pour le sujet sensiblement affecté) aucun plaisir ; mais en tant que tel, il contient plutôt du déplaisir attaché à l’action. En revanche, comme cette coercition est exercée simplement par la législation de notre propre raison, il contient aussi quelque chose qui élève {Erhebung), et l’effet subjectif sur le sentiment, en tant que la raison pure pratique en est la cause unique, peut donc s’appeler, relativement à cette élévation, simplement approbation de soi-même (Selbstbilligung), parce


1 Traduction de ce passage : von der Unmittelbarkeit ihres Einflusses auf den Willen : Abbot donne, From exercising any direct influence on the will ; Barni, De l’influence immédiate qu’elle exerce sur la volonté, (F. P)