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Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/367

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(en vertu d’une relation naturelle à chacun, et que chacun exige de tous les autres, comme un devoir) qu’il plaît et qu’il prétend à l’assentiment universel, car l’esprit s’y sent comme ennobli, et s’élève au-dessus de cette simple capacité, en vertu de laquelle nous recevons avec plaisir des impressions sensibles, et il estime la valeur des autres d’après cette même maxime du Jugement. C’est l'intelligible que le goût a en vue, comme l’a montré le paragraphe précédent : c’est vers lui en effet que conspirent nos facultés de connaître supérieures, et sans lui il y aurait contradiction entre leur nature et les prétentions qu’élève le goût. Dans cette faculté, le Jugement ne se voit plus, comme quand il n’est qu’empirique, soumis à une hétéronomie des lois de l’expérience : il se donne à lui-même sa loi relativement aux objets d’une si pure satisfaction, comme fait la raison relativement à la faculté de désirer ; et par cette possibilité intérieure qui se manifeste dans le sujet, comme par la possibilité extérieure d’une nature qui s’accorde avec la première, il se voit lié à quelque chose qui se révèle dans le sujet même et en dehors du sujet, et qui n’est ni nature ni liberté, mais qui est lié au principe de cette dernière, c’est-à-dire avec le supra-sensible, dans lequel la faculté théorique se confond avec la faculté pratique, d’une manière inconnue, mais semblable pour tous. Nous indiquerons quelques