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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/385

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venus 1579. à enfoncer les portes de la ville, achevèrent d’exterminer les assiégés. Quatre mille Russes restèrent sur la place. On ne fit prisonnier que Schérémétief et un petit nombre d’enfans-boyards. Dans le délire de la fureur, les Allemands mutilaient les morts ; ils défigurèrent le cadavre de Schein et ceux de plusieurs autres. Maîtres de Sokol, les Polonais enlevèrent Krasnoï, Kozian, Sitna, Tourolve, Nescherda ; portèrent la dévastation dans la province de Séversk, jusqu’à Starodoub ; livrèrent aux flammes deux mille villages dans celle de Smolensk, tandis qu’au milieu de ces désastres, le tzar se tenait immobile à Pskof !

Alors que les généreux enfans de la Russie périssaient victimes de la lâcheté de leur souverain, au moment où la patrie gémissait sous le poids d’une humiliation qu’elle était loin de mériter, un Russe, autrefois cher à son pays, se couvrait d’une éternelle honte par ses triomphes. Criminel transfuge, le prince André Kourbsky, transporté de courroux, cherchait des consolations dans la vengeance et se trouvait ainsi qu’un autre moscovite, Vladimir Zabolotzky, sous les drapeaux de Batory. Il prit une part très-active aux succès des armes du roi, et ce fut au milieu des cendres de Polotsk, entouré de ruines trempées