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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/386

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1579. du sang de ses concitoyens, qu’il répondit à la lettre que Jean lui avait écrite de Volmar. Lettre de Kourbsky « Eh bien ! lui disait-il, où sont donc tes victoires ?… dans la tombe des héros, des vrais défenseurs de la Russie, des voïévodes exterminés par toi ? Accompagné d’un petit nombre de guerriers, fort seulement de son courage, le roi Étienne est dans tes États ; il reprend les provinces que nous avions conquises et fortifiées ; et toi, à la tête d’une armée nombreuse, tu te caches ou tu fuis, quand personne ne te poursuit, hors ta conscience qui te reproche tes iniquités. Voilà les dignes fruits des leçons du perfide Vassian. Tu règnes seul, sans conseillers ; tu fais la guerre, débarrassé d’orgueilleux voïévodes : qu’en résulte-t-il ? Au lieu de l’amour du peuple et de ses bénédictions jadis si douces à ton cœur, tu ne recueilles que haine et malédictions universelles ! Au lieu de gloire militaire, tu t’abreuves de honte, car il n’est pas de bon règne sans de sages ministres, et, privée d’un chef habile, une armée innombrable n’est qu’un troupeau de brebis que dispersent le bruit des vents ou la chute des feuilles dans les forêts. Des flatteurs ne sont pas des hommes d’État ; des myrmidons spirituels ne sont pas des voïévodes : ne voit-on