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pagner jusqu’à la ferme, où trois chevaux les attendaient.

Le soir même, enveloppées dans de grands manteaux de serge qui leur servaient dans les temps de froid et de pluie, ces Dames arrivèrent au château de Boscenit, situé à environ vingt lieues de Rennes ; elles y surprirent très agréablement leurs parents et amis, informés de leurs projets d’évasion, mais fort inquiets sur la manière dont elles les réaliseraient.

Lorsqu’enfin Mme Le Gris fut chez elle, revenue de la surexcitation produite par les événements que nous venons de raconter, elle tomba gravement malade, et l’on remarqua dès lors les symptômes de l’affection de poitrine à laquelle elle succomba quelques années plus tard. Quant à ma mère, plus jeune que sa sœur, elle se ressentit moins des affreuses émotions qu’elles avaient éprouvées, et, après avoir pris un peu de repos, elle put aller rejoindre ses enfants à Kerigant.

Mme Le Gris avait toujours trouvé dans Mme de Kerigant l’interprète la plus fidèle de ses projets. Ma mère, sans posséder beaucoup d’instruction, était douée d’une mémoire remarquable, et, comme sa sœur, d’un esprit d’initiative que les événements mettaient rarement en défaut ; elle avait une con-