Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/146

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À partir de cette époque, la guerre civile de l’Ouest fut à peu près terminée. Les chefs de la Chouannerie, si grande que fût encore leur influence sur les populations, comprirent parfaitement, en effet, que, sous un Gouvernement presque régulier, supprimant les échafauds et rétablissant le culte catholique, il deviendrait, avant peu, impossible de réunir aucune force sérieuse.

Pendant que ces causes naturelles d’apaisement agissaient sur les populations bretonnes, le consul Bonaparte, devenu l’arbitre des destinées de la France, se livrait déjà aux calculs ambitieux qui nous ont été si funestes ; au lieu de s’appuyer sur la liberté, sur la tolérance, il ne perdait aucune occasion d’anéantir une insurrection capable d’entraver ses projets. Il mettait en œuvre tous les moyens pour arriver à ses fins. Par suite de cette crainte soupçonneuse, de la fourberie continuelle à laquelle il avait recours, il suscita contre sa personne, chez tous les Chouans, soumis et insoumis, une haine implacable.

Si, au lieu de la ruse dont il usa sans cesse, il avait agi loyalement, comme le général Brune, il serait probablement parvenu à pacifier, sans porter atteinte à sa réputation et sans nuire à la cause de l’ordre dont il était, à ce moment, le champion. [1]

  1. Dans une proclamation du 11 janvier 1800, le premier consul