Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/59

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en masses vers la Bretagne : elle en fut accablée. Néanmoins, là, comme dans les pays pacifiés en apparence, les chefs, s’ils comprenaient l’impossibilité de résister, ne pouvaient pas toujours convaincre leurs compagnons exaspérés, dont un assez grand nombre aimait mieux mourir en se défendant que de s’exposer aux lâches trahisons des révolutionnaires.

Plusieurs chefs faillirent payer de leur vie leur fermeté dans cette circonstance. Il n’y eut pas une bande dans les Côtes-du-Nord, et on en comptait un grand nombre, dans laquelle les ouvertures de paix n’aient excité la colère des masses et leur défiance contre ceux qui s’en faisaient les intermédiaires. Ceci tenait à plusieurs causes. Les guerres de l’Ouest ne furent pas seulement des guerres de parti, elles furent aussi le dernier mouvement d’une nationalité qui finissait.

Mais cette haine invétérée que j’ai retrouvée à vingt-cinq ans de distance chez les soldats et chez les chefs provenait surtout de ce que les révolutionnaires, durant toute cette guerre malheureuse, avaient montré une déloyauté insigne et n’avaient jamais traité de bonne foi avec les royalistes, et pour cause ; ils voulaient les anéantir, pour mieux cacher leurs spoliations honteuses, et tous les moyens leur étaient bons