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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/109

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une demi-douzaine au plus ; assaisonnez-les avec un mélange de bien et de mal ; relevez le tout d’une pointe funèbre, et servez quand et où bon vous semblera. « La Cellule du Saint », « l’Abri Hanté », « le Tombeau du Donjon », « le Saut de l’Amant », — nommez-le à votre guise, le ragoût est partout le même.

Et enfin, ce livre ne contiendra pas de descriptions de paysages. Ce n’est pas paresse. Rien n’est plus facile que de décrire un paysage ; rien n’est plus ennuyeux et inutile à lire. Du temps où Gibbon devait se fier au récit des voyageurs pour décrire l’Hellespont, et où les étudiants anglais ne connaissaient les rives du Rhin que par les Commentaires de Jules César, il seyait à tout voyageur illustre de décrire tant bien que mal ce qu’il avait vu. Le docteur Johnson, qui n’avait presque rien visité en dehors des paysages de Fleet Street, devait lire avec plaisir et profit la description des marais de Yorkshire. Le compte-rendu du Snowdon a dû paraître merveilleux à un enfant de Londres n’ayant jamais aperçu un mont plus haut que le Hog’s Back en Surrey. Mais de nos jours la machine à vapeur et l’appareil photographique ont changé tout cela. Celui qui tous les ans fait sa partie de tennis au pied du Cervin et sa partie de billard sur le sommet du Righi ne vous sait aucun gré d’une description minutieuse et soignée des collines de Grampian. Quand on a vu une douzaine de peintures à l’huile, une centaine de pho-