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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/110

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tographies, un millier de reproductions dans des journaux illustrés et quelques panoramas du Niagara, une description détaillée d’une chute d’eau semblera fastidieuse.

Un de mes amis, un Américain très instruit, qui aime la poésie pour elle-même, me dit s’être fait une idée bien plus exacte et plus engageante des districts des Lacs d’après quelques photographies contenues dans un bouquin à bon marché que d’après la lecture des Coleridge, Southey et Wordsworth réunis. Qu’un auteur lui décrivît un paysage, mon ami ne lui en savait pas plus de gré que d’une relation éloquente de ce qu’il venait de manger à son dîner. Selon lui, chaque art a son département propre, et si la peinture-en-paroles est un piètre interprète des formes et de la lumière, la toile et les couleurs ne valent pas mieux pour traduire les jeux de la pensée.


Ce sujet me remet en mémoire une chaude après-midi de collège. La littérature anglaise se trouvant au programme, le cours commença par la lecture d’un certain poème plutôt long, mais ne donnant lieu à aucune remarque intéressante. J’avoue à ma honte avoir oublié le nom de l’écrivain et le titre de l’œuvre. La lecture terminée, nous fermâmes nos livres et le professeur, un indulgent vieux monsieur aux cheveux blancs, nous demanda de lui faire un compte-rendu oral et personnel de ce que nous venions de lire.