Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion d’écrire un livre humoristique, une satire sur les ressources de conversation de la société britannique. Le sujet, à ce point de vue, était remarquablement traité. Il le proposa à une maison d’édition de Londres. Le directeur était un homme malin. Il parcourut le volume. Puis il envoya chercher l’auteur.

— Votre livre, lui dit-il, est pétillant d’esprit. Il m’a fait rire aux larmes.

— Je suis enchanté de l’apprendre, répondit le Français, flatté. J’ai essayé d’être véridique sans devenir inutilement agressif.

— Il est très amusant, poursuivit le directeur, et cependant j’ai le sentiment que ce sera un demi-succès si nous le publions comme une plaisanterie.

La figure de sauteur s’allongea.

— Son humour, continua le directeur, serait jugé extravagant et forcé. Les intellectuels et les penseurs en seraient amusés, mais au point de vue commercial, cette partie du public est négligeable. Or, j’ai une idée. (D’un rapide coup d’œil circulaire, il s’assura qu’ils étaient seuls, puis, se penchant vers l’auteur, et sa voix ne fut plus qu’un souffle :) J’ai l’intention de le publier comme ouvrage sérieux, à l’usage des écoles !

L’auteur le regarda, effaré.

— Je connais l’instituteur anglais, insista le directeur, ce livre aura son approbation. Il conviendra exactement à sa méthode. Notre instituteur ne saurait rien trouver de plus stupide, rien de