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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/136

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son habitude, se promenant avec Voltaire à la voix aiguë.

Cédant à mon avis, George et Harris consentirent à ne pas s’arrêter longtemps à Berlin, mais à hâter notre départ pour Dresde. Berlin n’offre pas de curiosités qu’on ne puisse voir en mieux ailleurs et nous décidâmes de nous contenter d’une promenade à travers la ville. Le portier de l’hôtel nous fit faire la connaissance d’un cocher de fiacre qui, nous affirma-t-il, allait nous montrer tout ce qui en vaudrait la peine dans le moins de temps possible. Il vint nous prendre à neuf heures du matin. C’était vraiment le guide rêvé. Il paraissait d’une intelligence vive et bien informée ; son allemand était compréhensible et quelques bribes d’anglais servaient à combler les lacunes. Aucune objection contre cet homme, mais son cheval était bien l’animal le moins sympathique derrière lequel je me sois jamais trouvé assis.

Il nous prit en grippe dès qu’il nous aperçut. Je fus le premier à sortir de l’hôtel. Il tourna la tête vers moi et me toisa de haut en bas, de son œil froid et vitreux ; puis il se tourna vers un autre cheval, un ami, qui se trouvait en face de lui. Je sais ce qu’il lui dit. Il avait une physionomie expressive et ne fit aucun effort pour déguiser sa pensée. Il dit :

— Drôles de corps que l’on rencontre en été, hein ?

George me suivit de près et s’arrêta derrière moi.