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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/137

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De nouveau le cheval tourna la tête vers nous et regarda. Jamais je n’avais vu un cheval capable de se contorsionner comme celui-là. J’ai bien vu une girafe faire avec son cou des mouvements, qui forçaient l’attention. Mais ce cheval éveillait plutôt l’idée d’une apparition de cauchemar après une journée poussiéreuse passée à Ascot et suivie d’un bon dîner avec six vieux camarades. Si j’avais vu ses yeux me fixer à travers ses membres postérieurs, je crois que je ne m’en serais pas étonné outre mesure.

L’apparition de George parut l’amuser encore beaucoup plus que la mienne. Il se tourna vers son ami :

— Extraordinaire, n’est-ce pas ? remarqua-t-il ; il doit exister un endroit, quelque part sur la terre, où on les élève.

Puis il se mit à chasser avec sa langue les mouches qui couvraient son épaule gauche. Je commençais à me demander si, ayant perdu sa mère tout enfant, il n’avait pas été recueilli par un chat.

George et moi grimpâmes dans la voiture et attendîmes Harris. Il arriva un moment après. J’étais enclin à penser que son aspect était plutôt soigné. Il portait un costume en flanelle blanche à culotte courte, qu’il s’était spécialement fait tailler pour monter à bicyclette en été ; son chapeau peut-être sortait un peu de l’ordinaire, mais l’abritait d’une manière vraiment efficace contre le soleil.