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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/142

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de cet employé doit être des plus fatigantes, pour peu qu’il soit corpulent, et même dangereuse par des nuits de tempête. S’ils tiennent absolument à suspendre leur boîte à un arbre, pourquoi ne pas l’attacher aux branches basses, au lieu de choisir les branches les plus élevées ? Mais il est possible que j’émette un jugement téméraire sur ce pays, continua-t-il, une nouvelle idée se présentant à lui. Il est probable que les Allemands, qui nous devancent en beaucoup de points, ont perfectionné le service des pigeons voyageurs. Mais, même en ce cas, je ne peux m’empêcher de remarquer qu’il eût été plus simple, pendant qu’ils y étaient, de dresser les oiseaux à déposer leurs messages plus près de la terre. Ce doit être un travail pénible, même pour un Allemand adulte de force moyenne, de retirer son courrier de ces boîtes.

Je suivis son regard à travers la portière et lui dis :

— Ce ne sont pas des boîtes aux lettres, ce sont des nids. Il faut que vous pénétriez cette nation. L’Allemand aime les oiseaux, mais il n’aime que les oiseaux soigneux. Un oiseau abandonné à lui-même construit son nid n’importe où. Le nid n’est pas un bel objet, suivant la conception allemande du beau. On n’y trouve pas trace de peinture, pas trace de décoration, pas même un drapeau. Une fois qu’il l’a terminé, l’oiseau recommence à aller et venir et laisse tomber sur les pelouses des brindilles, des tronçons de vers, une foule de choses. Il