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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/143

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est inconvenant. Il fait la cour à sa femme ou se chamaille avec elle, il donne la becquée à ses petits, et tout cela en public. Le propriétaire allemand en est choqué. Il dit à l’oiseau : « Je t’affectionne pour beaucoup de raisons. J’aime te voir, j’aime t’entendre chanter, mais je n’aime pas tes manières. Prends cette petite boîte, mets-y toutes tes petites affaires, pour que je ne les voie pas. Sors-en, lorsque l’envie te prendra de chanter, mais vis-y ta vie intime. Reste dans ta boîte, et surtout ne salis pas le jardin. »


En Allemagne on respire l’amour de l’ordre en même temps que l’air ; en Allemagne les bébés battent la mesure avec leur hochet, et l’oiseau allemand en est arrivé à être fier de sa boîte, et à mépriser les quelques incivilisés qui continuent à construire leurs nids sur les branches et dans les baies. Dans la suite des temps, on peut en être sûr, chaque oiseau allemand aura sa place marquée dans les concerts d’oiseaux. Le chant confus et irrégulier de la gent emplumée doit, on le sent, irriter au plus haut point l’esprit si précis des Allemands, il manque de méthode ; l’Allemand, amoureux de musique, y mettra de l’ordre. Quelque oiseau de forte taille et de belle prestance sera dressé à tenir le rôle de chef d’orchestre. Pour qu’ils ne gâchent plus le meilleur de leur talent dans un bois à quatre heures du matin, il les fera chanter dans un Biergarten, accompagnés d’un