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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/149

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tout un hiver, mais ne font qu’ahurir si l’on n’y reste qu’une semaine. Dresde n’a pas cette gaieté de Paris ou de Vienne, dont on est si vite las ; ses attractions sont plus solidement allemandes et plus durables. C’est la Mecque de la musique. Pour cinq shillings à Dresde on se procure une stalle à l’Opéra, mais on y gagne en même temps, hélas ! une aversion violente pour les représentations d’opéras en Angleterre, en France et en Amérique.

La chronique scandaleuse s’occupe encore, de nos jours, d’Auguste le Fort, « l’Homme aux Péchés », comme l’appelait Carlyle, qui a affligé l’Europe, dit-on, de plus d’un millier d’enfants. On visite encore les châteaux où il emprisonnait telle ou telle de ses maîtresses disgraciées ; on parle de l’une d’elles, qui mourut dans l’un d’eux après quarante ans de captivité. Des châteaux mal famés sont épars un peu partout dans les environs, comme des squelettes sur un champ de bataille, et la plupart des histoires que racontent les guides sont telles que des « jeunes personnes » élevées en Allemagne auraient avantage à ne pas les entendre. Son portrait grandeur nature est accroché dans le beau « Zwinger », construit d’abord pour servir d’arène aux combats entre animaux sauvages, lorsque le peuple fut las de voir ces combats sur la place du Marché. C’était un homme aux sourcils épais, à l’air franchement bestial, mais non sans une pointe de culture et de goût, qualités qui sou-