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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/150

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vent laissent leur empreinte sur ces physionomies-là. La Dresde moderne lui doit certainement beaucoup.

Mais ce qui y frappe le plus les étrangers, ce sont les tramways électriques. Ces véhicules énormes filent à travers les rues à une vitesse de dix à vingt kilomètres à l’heure, prenant les virages à la manière des cochers irlandais. Tout le monde s’en sert, sauf les officiers en uniforme, qui n’en ont pas le droit. Les dames en toilette de soirée allant au bal ou à l’Opéra, les garçons de livraison avec paniers s’y trouvent côte à côte. Ils sont omnipotents dans la rue et tout, bêtes ou gens, s’empresse de se garer. Si on ne leur cède pas la place, et si d’aventure on se retrouve vivant quand on a été relevé, on est condamné, lorsqu’on revient à soi, à payer une amende pour s’être mis sur leur chemin. Cela apprend au public à s’en méfier.

Une après-midi Harris avait fait une « balade » en cavalier seul. Le soir pendant que nous étions assis au Belvédère, écoutant la musique, il dit soudain, sans raison apparente :

— Ces Allemands n’ont aucun sens de l’humour.

— Pourquoi dites-vous cela ? demandai-je.

— Parce que, cet après-midi, j’ai sauté sur un de ces trams électriques. Voulant voir la ville, je restai debout sur la petite plate-forme extérieure, comment l’appelez-vous ?

— Le Stehplatz.

— C’est cela, dit Harris. Vous savez à quel point