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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/152

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chant désespérément tantôt à l’un, tantôt à l’autre, devait être du plus haut comique. Je ne dis pas que c’était d’un comique raffiné, mais il aurait diverti n’importe qui. Ces Allemands ne semblaient pas y trouver d’amusement ; ils paraissaient inquiets. Un homme, un petit homme se tenait adossé contre le frein. Je tombai cinq fois sur lui, — j’ai compté. On aurait pu s’attendre, à la cinquième, à le voir éclater de rire ; mais non : il eut simplement l’air fatigué. C’est une race triste.

George eut aussi son aventure. Il y avait proche l’Altmarkt un magasin à la vitrine duquel étaient exposés quelques coussins. Le véritable commerce de la boutique était la verrerie et la porcelaine, les coussins semblaient ne devoir être qu’un essai. C’étaient de fort beaux coussins de satin, enjolivés de broderies à la main. Nous passions souvent devant cette vitrine et, chaque fois, George s’arrêtait pour les admirer. Il disait que certainement sa tante aimerait en posséder un.

George s’est montré plein d’attention envers cette tante depuis le début du voyage. Il lui a écrit une longue lettre chaque jour, et de chaque ville où nous nous arrêtions lui a envoyé un souvenir. À mon avis il exagère, et plus d’une fois je le lui ai dit. Sa tante va rencontrer d’autres tantes et elles causeront : toute cette espèce en sera bouleversée et en deviendra intraitable. Comme neveu je m’oppose à cet état de trouble que George est en train de créer. Mais il ne veut rien entendre.