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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/151

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il vous secoue et comme il faut se méfier des tournants, des arrêts et des départs !

Je fis signe que oui. Il continua.

— Nous étions à peu près une demi-douzaine sur cette plate-forme ; moi, naturellement, je manquais d’expérience. Le tram démarra subitement, cela me projeta en arrière. Je tombai sur un monsieur corpulent qui se trouvait juste derrière moi. Il ne se maintenait lui-même pas très ferme et, à son tour, tomba en arrière, écrasant un gosse qui portait une trompette dans une housse en feutre vert. Aucun d’eux ne sourit, ni l’homme ni le gamin à la trompette ; ils se contentèrent de se redresser, l’air renfrogné. J’allais m’excuser, mais avant que j’aie pu dire un mot, le tram ralentit pour une raison quelconque, et cela naturellement me projeta en avant. J’allai buter dans un vieux bonhomme à cheveux blancs qui me sembla être un professeur. Eh bien, lui non plus ne sourit pas, pas un de ses muscles ne broncha.

— Peut-être, hasardai-je, pensait-il à autre chose.

— Cela n’est pas possible pour ce cas particulier, répliqua Harris, car pendant ce voyage j’ai dû tomber au moins trois fois sur chacun d’eux. Vous voyez, expliqua-t-il, ils savaient à quel moment on allait arriver à un tournant et dans quelle direction ils devaient se pencher. Moi, comme étranger, j’étais naturellement handicapé. La façon dont je roulais et tanguais sur cette plate-forme, m’accro-