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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/184

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sans tambour ni trompette. Je trouvai un hangar en bois qui me sembla l’endroit rêvé et j’y roulais la bicyclette, quand malheureusement un employé à casquette rouge, l’air d’un feld-maréchal en retraite, me remarqua, s’approcha et me dit :

— Que faites-vous de cette bicyclette ?

— Je suis en train de la ranger sous ce hangar. (J’essayai de le persuader par mon ton que j’accomplissais un acte de complaisance, pour lequel les employés de chemin de fer me devraient de la reconnaissance ; mais il ne se montra pas touché.)

— Cette bicyclette est à vous ?

— Eh ! pas exactement.

— À qui est-elle ? demanda-t-il, sévère.

— Je ne peux pas vous renseigner. J’ignore à qui appartient cette bicyclette.

— D’où l’avez-vous ? fut la question suivante. (Sa voix devenait soupçonneuse, presque insultante.)

— Je l’ai prise dans le train, répondis-je avec autant de calme et de dignité que je le pus dans un moment pareil. Le fait est, continuai-je avec franchise, que je me suis trompé.

Il me laissa à peine le temps de finir ma phrase. Il dit simplement que cela lui faisait également cet effet, et il donna un coup de sifflet.

Ce qui se passa ensuite, en tant que cela me concerne, ne me laissa pas de souvenirs amusants. Par un miracle de chance — la Providence veille sur certaines personnes — cet incident se passait à