Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/200

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une personne, au risque de sa liberté et de sa fortune, n’a pas le droit de se promener sur la route réservée aux autres. On y trouve certaines allées destinées aux « cyclistes », d’autres aux « piétons », des allées « cavalières », des routes pour « voitures suspendues », et d’autres pour « voitures non suspendues » ; des chemins pour « enfants » et d’autres pour « dames seules ». Ils m’ont semblé avoir omis le chemin pour « hommes chauves » ou pour « femmes légères ».

Un jour, je croisai dans le Grosse Garten de Dresde « une vieille dame » qui se tenait désemparée et ahurie au centre d’un carrefour de sept chemins. Chacun était gardé par un écriteau menaçant qui en écartait tous les promeneurs, sauf ceux pour lesquels il avait été spécialement tracé.

— Je vous demande pardon, me demanda-t-elle, devinant que je parlais l’anglais et savais lire l’allemand, mais cela ne vous dérangerait-il pas de me dire ce que je suis, et par où je dois passer.

Je l’examinai avec attention. J’arrivai à la conclusion qu’elle était une « grande personne » et un « piéton », et du doigt je lui désignai son chemin. Elle le regarda et prit une mine désappointée.

— Mais je ne veux pas aller dans cette direction, dit-elle ; ne puis-je pas prendre cet autre chemin ?

— Grand Dieu non, madame, répliquai-je, ce passage est réservé aux enfants.

— Mais je ne leur ferai aucun mal, dit la vieille dame avec un sourire. (Elle ne semblait pas être