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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/202

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installés. Quant aux « grandes personnes », elles ne pourraient jamais en approcher à moins d’un demi-mille, rapport à la foule. Le garçonnet allemand qui, par erreur, se serait assis sur un banc de cette sorte, se lève avec effroi lorsqu’on lui fait remarquer son erreur et, avec honte et regret, il s’en va la tête basse, en rougissant jusqu’à la racine des cheveux.

Il ne faut pas croire que le gouvernement ne soit pas paternel, il n’oublie pas l’enfant : dans le parc allemand et dans les jardins publics, on a réservé pour lui des emplacements spéciaux (Spielplaetze), chacun d’eux pourvu d’un tas de sable. Il peut y jouer à cœur joie, en faisant des pâtés et en construisant des châteaux de sable. Un pâté fait avec un autre sable semblerait un pâté immoral à l’enfant allemand. Il ne lui donnerait aucune satisfaction : son âme se révolterait contre lui. Il se dirait :

— Ce pâté n’était pas comme il aurait dû être, fait du sable que le Gouvernement a spécialement mis à notre disposition pour cet usage ; il n’a pas été fait à l’endroit que le Gouvernement avait choisi et aménagé pour la construction de pâtés de sable. Rien de bon ne peut en résulter. C’est un pâté hors toute loi.

Et sa conscience continuerait à le tourmenter jusqu’à ce que son père eût payé l’amende prévue et lui eût infligé une correction en rapport avec son méfait.