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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/213

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— Naturellement, j’en suis sûr. Pourquoi ?

— Eh bien, elle ne fait pas honneur à son affiche. C’est tout.

— Quelle affiche ?

— L’affiche qui a pour but de prôner cette marque de cycles. J’en ai regardé une peu de jours avant notre départ, qui était placardée sur un mur de Sloane Street. Un jeune homme montait une machine de cette marque, un jeune homme, une bannière à la main : il ne faisait aucun effort, c’était aussi clair que le jour. Il était simplement assis dessus à aspirer largement le grand air. Le cycle avançait par sa propre initiative et avançait d’un bon train. Votre bicyclette me laisse à moi tout le travail. Votre machine est un monstre de paresse. Si on ne suait pas sang et eau, ce n’est pas elle qui bougerait. À votre place j’irais réclamer.

En y réfléchissant, il y a bien peu de machines qui fassent honneur à leurs réclames ! Je ne me souviens que d’une seule affiche où le cycliste apparemment peinait. Mais c’est qu’il était poursuivi par un taureau. Le plus souvent, l’intention de l’artiste est de prouver au néophyte hésitant que le sport de la bicyclette consiste à être assis sur la selle luxueuse et à être transporté rapidement par des forces invisibles et surnaturelles dans la direction où l’on désire aller.

D’une manière générale le cycliste est une dame. Une fée voyageant sur une légère nuée estivale ne peut pas paraître plus à son aise que la bicycliste