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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/223

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ment vite et ne sera convaincu du contraire que lorsqu’il aura vu sa charrette démolie. Il est vrai qu’alors il s’excusera très humblement. Mais à quoi cela servira-t-il ? Cela réparera-t-il le mal ? Comme il a d’habitude la taille et la force d’un jeune taureau et que son compagnon humain n’est généralement qu’un faible vieillard ou un petit enfant, il n’en fait qu’à sa guise. La plus grande punition que son propriétaire puisse lui infliger, c’est de le laisser à la maison et de traîner lui-même sa voiture. Mais notre Allemand a trop bon cœur pour abuser de ce procédé.

Il ne faut pas croire que l’animal soit attelé à la voiture pour un autre agrément que le sien, et j’ai la certitude que le paysan allemand ne commande le petit harnachement et ne fabrique la petite voiture que pour faire plaisir à son chien. Dans d’autres pays, en Hollande, en Belgique et en France, j’ai vu maltraiter et surmener les chiens qu’on attelle ; en Allemagne, jamais. Les Allemands accablent de sottises leurs animaux d’une manière choquante. J’ai vu un Allemand se tenir devant son cheval et le traiter de tous les noms qui lui venaient à l’esprit. Mais le cheval n’en avait cure. J’ai vu un Allemand, las d’injurier son cheval, appeler sa femme et lui demander de l’aider. Quand elle survint, il lui révéla ce que le cheval avait fait. À ce récit la femme se fâcha, elle aussi, tout rouge ; et, se tenant l’un à droite, l’autre à gauche du pauvre animal, tous deux le rouèrent