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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/231

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aurait dû suivre, elle nous aurait menés là où nous voulions aller, j’en suis convaincu.

Ce don particulier qui m’est échu, j’aurais continué à m’en servir pour découvrir un nouveau chemin, s’ils ne m’avaient pas fait sentir leur mauvaise humeur. Mais je ne suis pas un ange — je l’avoue franchement — et je refuse de faire des efforts au profit d’ingrats et de rebelles. D’un autre côté je me demande si George et Harris m’auraient suivi plus loin. C’est pour ces raisons que je m’en lavai les mains et que Harris me remplaça comme chef de colonne.

— Eh bien, me dit-il, je suppose que vous êtes satisfait de votre œuvre.

— J’en suis assez satisfait, répondis-je du haut du tas de pierres sur lequel j’étais assis. Je vous ai menés jusqu’ici sains et saufs. Je mènerais plus loin, mais nul artiste ne peut travailler sans encouragement. Vous vous montrez mécontents de moi parce que vous ne savez pas où vous êtes. Il est possible que vous soyez dans la bonne direction, sans vous en douter. Mais autant ne rien dire ; je ne m’attends pas à des remerciements. Suivez le chemin qui bon vous semblera ; je ne m’en occupe plus.

Je parlai peut-être avec amertume, mais je n’y pouvais rien. On ne m’avait pas adressé une parole aimable pendant tout ce trajet rebutant.

— Ne vous méprenez pas sur le sens de mes paroles, dit Harris : George et moi sommes con-