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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/230

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— Il nous a dit, continua Harris, que nous devions arriver à un bois.

— Je ne vois aucune raison d’en douter, quelle que soit la route que nous prenions, commenta George.

En effet toutes les hauteurs autour de nous étaient couvertes de forêts épaisses.

— Et il a encore dit, murmura Harris, que nous atteindrions le sommet en une heure et demie environ.

— C’est là, dit George, que je commence à douter de ses paroles.

— Eh bien, qu’allons-nous faire ? demanda Harris.

Le hasard veut que j’aie la bosse de l’orientation. Ce n’est pas une vertu ; je ne veux pas m’en vanter. Ce n’est qu’un instinct tout animal, auquel je ne peux rien. S’il m’arrive de rencontrer sur mon chemin des montagnes, des précipices, des rivières et d’autres obstacles de cette sorte qui m’empêchent d’avancer, — ce n’est pas ma faute. Mon instinct me conduit très sûrement ; c’est la planète qui a tort. Je les emmenai donc par la route du milieu. On n’aurait pas dû m’imputer à crime le fait que cette route du milieu n’ait pas eu suffisamment d’énergie pour continuer plus d’un quart de mille dans la même direction, et qu’après trois milles de montées et de descentes elle ait subitement abouti à un guêpier. Si cette route médiane avait suivi la direction qu’elle