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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/240

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occupé soit à se mettre dans l’embarras, soit à essayer de s’en tirer. Mais il est plus apte à s’y mettre qu’à s’en tirer. Je me souviens avoir descendu une pente rapide, dans la forêt Noire, en compagnie de deux dames. C’était une de ces descentes en zigzag. D’un côté de la route la montagne se dressait à soixante-quinze degrés, de l’autre elle s’abaissait, suivant le même angle. Nous avancions très agréablement ; le cocher avait, à notre grande satisfaction, les yeux clos, quand soudain un mauvais rêve ou une indigestion le réveilla. Il saisit les rênes, et par un mouvement habile, il conduisit au bord extrême du précipice le cheval de droite qui s’y accrocha, retenu tant bien que mal par son harnachement. Notre cocher n’en parut ni surpris ni affecté ; je remarquai aussi que les chevaux semblaient tous deux habitués à cette position. Nous sortîmes de voiture et il descendit du siège. Il prit dans son coffre un énorme couteau qui semblait être spécialement affecté à cet usage et coupa vivement les traits. Le cheval ainsi lâché descendit en roulant jusqu’au moment où il se retrouva sur la route, quelque cinquante mètres plus bas. Là, il se remit sur pied et nous attendit. Nous reprîmes nos places dans la voiture qui poursuivit sa route avec son seul cheval, et nous arrivâmes de la sorte au niveau du premier. Celui-ci, notre conducteur le réattela avec quelques bouts de corde et nous continuâmes notre chemin. De toute évidence, cocher et chevaux avaient l’habitude de descendre