Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culs, mais avec un appétit formidable que quarante-cinq minutes de travail silencieux et acharné suffirent à peine à calmer.

Nous avions projeté d’aller à pied de Todtmoos à la vallée du Rhin ; mais en raison de nos fatigues extraordinaires de la matinée, nous décidâmes de faire « une promenade en voiture », comme on dit en France.

Et à cette intention nous louâmes un véhicule d’aspect pittoresque, tiré par un cheval qu’on aurait volontiers comparé à un tonneau, n’eût été l’embonpoint de son cocher auprès duquel il semblait anguleux. En Allemagne, toutes les voitures sont aménagées pour être attelées à deux, mais en général elles ne sont tirées que par un seul cheval. Cela donne à l’équipage un aspect asymétrique qui heurte notre goût, mais que les gens d’ici trouvent élégant : on a l’air de quelqu’un qui d’habitude sort avec une paire de chevaux, mais qui, pour l’instant, a égaré l’un d’eux. Le cocher allemand n’est pas ce que nous appellerions un maître. Quand il dort, c’est alors qu’il montre ses qualités. À ce moment, au moins, il n’est pas dangereux ; et comme le cheval est généralement intelligent et expérimenté, la course est relativement peu périlleuse. S’ils arrivaient en Allemagne à dresser le cheval à se faire payer à la fin de la course, on pourrait se passer tout à fait de cocher, ce qui serait un soulagement considérable pour le voyageur : car le cocher allemand est le plus souvent