s’extasier devant une vue lorsqu’on se trouve entouré de tables tachées de bière ? Comment se perdre dans des rêveries historiques en respirant une odeur de veau rôti et d’épinards ?
Un jour, désireux d’élever nos âmes, nous nous mîmes à grimper à travers des bois touffus.
— Et, dit Harris avec sarcasme tandis que nous nous arrêtions un moment pour respirer et pour serrer d’un cran nos ceintures, nous allons trouver là-haut un restaurant splendide où des gens engouffreront des beefsteaks saignants et des tartes aux prunes en buvant du vin blanc.
— Vous croyez ? dit George.
— Voyons, vous connaissez bien leurs habitudes. Ils ne consentiraient pas à dédier à la solitude et à la contemplation le moindre ravin ; ils ne laisseraient pas à l’amant de la nature un seul sommet intact.
— Je pense, remarquai-je, que nous arriverons un peu avant une heure, pourvu que nous ne flânions pas.
— Le « Mittagstisch », grommela Harris, sera juste prêt, avec peut-être quelques-unes de ces petites truites au bleu, qu’ils pêchent par ici. En Allemagne on semble ne jamais pouvoir se défaire de l’idée de boire et de manger. C’est horripilant !
Nous continuâmes notre chemin, et les beautés de la route nous firent oublier notre indignation. Mon calcul se trouva exact.