Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur place, assis et se lamentant au milieu de la pièce, — il dut en attraper quatre pour un. Atteindre le chien était aussi difficile que de jouer au football avec un ballon toujours absent. Cette bête ne se dérobait pas au moment où on décochait le coup ; non, — elle attendait le moment où le pied, déjà trop lancé pour être retenu, n’avait plus que l’espoir de rencontrer un objet assez résistant pour arrêter sa course et éviter ainsi à son propriétaire une chute bruyante et complète. Quand on touchait le chien, c’était par pur hasard, au moment où l’on ne s’y attendait pas ; et d’une manière générale cela vous prenait tellement au dépourvu qu’après l’avoir frappé on perdait l’équilibre et tombait par dessus lui. Et chacun, toutes les demi-minutes, était sûr de choir par la faute du cochon, du cochon assis, de celui qui se trouvait incapable de se mettre hors du chemin de tous ces agités.

On ne saurait dire combien ce charivari dura. Il se termina grâce au bon sens de George. Depuis quelque temps déjà, il s’efforçait d’attraper non pas le chien, mais le cochon, celui qui restait capable de se mouvoir. Le cernant enfin dans un coin, il lui persuada de cesser sa course folle tout autour de la pièce, et d’aller prendre ses ébats en plein air. Le cochon fila par la porte avec une longue plainte.

Nous désirons toujours ce que nous ne possédons pas. Un cochon, un poulet, neuf personnes et un chat semblaient bien peu de chose dans l’es-