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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/257

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prit du chien au prix de la proie qui s’enfuyait. Imprudemment il la poursuivit et George ferma la porte derrière lui et mit le verrou.

Alors l’hôte se leva et mesura l’étendue du désastre, comptant les objets qui jonchaient le sol.

— Vous avez un chien plein de malice, dit-il à l’homme qui était entré avec une brique.

— Ce n’est pas mon chien, répliqua l’homme d’un air sombre.

— Alors à qui appartient-il ? dit l’hôte.

— Je n’en sais rien, répondit l’homme.

— Ça ne prend pas avec moi, savez-vous ? dit l’hôte, ramassant une chromo qui représentait l’empereur d’Allemagne et essuyant avec sa manche la bière qui la souillait.

— Je sais que ça ne prend pas, répliqua l’homme ; j’en étais sûr. D’ailleurs j’en ai assez de dire à tout le monde que ce n’est pas mon chien, personne ne me croit.

— Mais alors pourquoi vous promener partout avec lui, si ce n’est pas votre chien ? qu’a-t-il donc de si attrayant ?

— Je ne me promène pas partout avec lui : c’est lui qui se promène avec moi. Il m’a rencontré ce matin à dix heures et depuis ne me lâche plus. Je croyais m’en être débarrassé après mon entrée chez vous. Je l’avais laissé à plus d’un quart d’heure d’ici, occupé à tuer un canard. Je m’attends à ce qu’on veuille m’obliger à payer aussi ce dégât, lors de mon retour.