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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/266

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— C’est évidemment très curieux, continua-t-il ; dans mon cas c’est même incompréhensible. Je suis titulaire de diplômes témoignant de mon aptitude à parler les langues modernes. Je suis même lauréat de français et d’allemand. La correction de mes constructions, la pureté de ma prononciation étaient considérées à mon collège comme absolument remarquables. Et cependant, quand je suis sur le continent, personne pour ainsi dire ne comprend ce que je dis. Pouvez-vous m’expliquer ce phénomène.

— Je crois que je le puis, répliquai-je. Votre prononciation est trop parfaite. Vous vous souvenez des paroles de cet Écossais qui pour la première fois de sa vie goûtait du whisky pur : « Il est excellent, mais je ne peux pas le boire. » Il en est de même de votre allemand. Il fait moins l’effet d’un langage utilisable que d’une récitation. Permettez-moi de vous donner un conseil : prononcez aussi mal que possible et introduisez dans vos discours le plus de fautes que vous pourrez.


C’est partout la même chose. Chaque peuple tient en réserve une prononciation spéciale à l’usage exclusif des étrangers, prononciation à laquelle il ne penserait pas à se conformer et qui lui demeure incompréhensible quand on l’emploie. J’entendis une fois une Anglaise expliquer à un Français comment prononcer le mot « have ».

— Vous le prononcez, disait la dame d’une voix