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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/276

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teurs et offre à l’autre moitié un demi-visage revêche ; ou bien un nez fendu donne à son propriétaire jusqu’à la fin du combat une matamoresque arrogance.

Comme le but de chaque étudiant est de quitter l’Université porteur du plus grand nombre possible de cicatrices, je doute que personne s’efforce jamais de changer quoi que ce soit à cette manière de combattre. Le vrai vainqueur est celui qui sort du duel avec le plus grand nombre de blessures. Recousu et raccommodé, il est à même le mois suivant de parader de façon à provoquer l’envie de la jeunesse allemande et l’admiration des jeunes filles de là-bas. Celui qui n’a obtenu que quelques blessures insignifiantes se retire du combat mécontent et désappointé.

Mais la bataille elle-même n’est que le commencement du divertissement. Le deuxième acte a lieu dans la salle de pansement. Les docteurs sont en général des étudiants de la veille qui, à peine munis de leurs diplômes, manœuvrent pour acquérir de la clientèle. La vérité m’oblige à dire que ceux d’entre eux que j’ai approchés m’ont paru gens peu distingués. Ils semblaient prendre plaisir à leur tâche. Leur rôle, d’ailleurs, consiste à amplifier autant que possible les souffrances, à quoi un vrai médecin ne se prêterait pas volontiers. La manière dont l’étudiant supporte le pansement de ses blessures compte autant pour sa réputation que la manière dont il les a reçues.