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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/277

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Chaque opération doit être accomplie avec autant de brutalité que possible, et les camarades épient soigneusement le patient pour voir s’il traverse l’épreuve avec une apparence de joie et de sérénité. La blessure souhaitable est une blessure bien nette et qui bâille largement. Exprès on en rejoint mal les lèvres, espérant que la cicatrice restera visible toute la vie. L’heureux propriétaire d’une telle blessure, savamment entretenue et maltraitée toute la semaine suivante, peut espérer épouser une femme qui lui apportera une dot se chiffrant au moins par dizaines de mille francs.

C’est ainsi que se passent ordinairement les épreuves bi-hebdomadaires ; bon an mal an, chaque étudiant prend part à quelques douzaines de ces Mensurs. Mais il y en a d’autres auxquelles les visiteurs ne sont pas admis. Lorsqu’un étudiant s’est fait disqualifier au cours d’un combat pour quelque léger mouvement instinctif interdit par leur code, il lui faut pour recouvrer son honneur provoquer les meilleurs duellistes de son Korps. Il demande et on lui accorde non pas un combat, mais une punition. Son adversaire alors lui inflige systématiquement le plus grand nombre possible de blessures. Le but de la victime est de montrer à ses camarades qu’elle est capable de rester immobile tandis qu’on lui taille la peau du crâne.

Je doute qu’on puisse produire un argument quelconque en faveur de la Mensur allemande ; en tout cas il ne concernerait que les deux combat-