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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/280

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sobre, sinon laborieuse. Mais la minorité, qui a la prétention, du reste admise, d’être le modèle de l’étudiant allemand, n’échappe à l’ébriété perpétuelle que grâce à l’adresse péniblement acquise de boire la moitié du jour et toute la nuit en conservant par un effort suprême l’usage des cinq sens. Cela n’a pas sur tous la même influence, mais il est fréquent de voir dans les villes universitaires des jeunes gens, n’ayant pas encore atteint leurs vingt ans, avec une taille de Falstaff et un teint de Bacchus de Rubens. C’est un fait que les jeunes Allemandes peuvent se sentir fascinées par une figure balafrée et tailladée jusqu’à sembler faite de matières hétéroclites. Mais on ne découvrira sûrement rien d’attrayant à une peau bouffie et couverte de pustules et à un ventre projeté en avant et qui menace de déséquilibrer le reste de l’individu. D’ailleurs, que pourrait-on attendre d’autre d’un jouvenceau qui commence à dix heures du matin, par le Frühschoppen, à boire de la bière, et finit à quatre heures du matin à la fermeture de la Kneipe ?

La Kneipe, on pourrait l’appeler une des assises de la société. Elle sera très calme ou très bruyante, suivant sa composition. Un étudiant invite une douzaine ou une centaine de ses camarades au café et les pourvoit de bière et de cigares à bon marché autant qu’ils en peuvent avaler ou fumer ; le Korps peut aussi lancer les invitations. Ici, comme partout, on remarque le goût allemand pour la disci-