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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/279

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D’un autre côté il semble peu sage de lui laisser les rênes sur l’encolure.

Si l’on examine le duel d’une manière sérieuse, on trouve beaucoup d’arguments en sa faveur. On ne saurait cependant en invoquer aucun en faveur de la Mensur. C’est de l’enfantillage, et le fait d’être un jeu cruel et brutal ne la rend nullement moins puérile : les blessures n’ont aucune valeur par elles-mêmes ; c’est leur origine qui leur confère de la dignité et non leur taille. Guillaume Tell est à très juste titre considéré comme un héros ; mais que penserait-on d’un club de pères de famille, fondé uniquement pour que ses membres se réunissent deux fois par semaine sur ce programme : abattre à l’arbalète une pomme posée sur la tête de leurs fils. Les jeunes Allemands pourraient atteindre un résultat analogue à celui dont ils sont si fiers en taquinant un chat sauvage. Devenir membre d’une société dans le seul but de se faire hacher, rabaisse l’esprit d’un homme au niveau de celui d’un derviche tourneur. La Mensur est en fait la reductio ad absurdum du duel ; et si les Allemands sont par eux-mêmes incapables d’en voir le côté comique, on ne peut que regretter leur manque d’humour.

Si on ne peut approuver la Mensur, au moins peut-on la comprendre. Le code de l’Université qui, sans aller jusqu’à encourager l’ivresse, l’absout est plus difficile à admettre. Les étudiants allemands ne s’enivrent pas tous. En fait, la majorité est