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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/283

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désigne un arbitre ; on remplit deux verres énormes et les hommes se font face, tenant les anses à pleines mains ; tout le monde les regarde. L’arbitre donne le signal du départ et l’instant d’après on entend la bière descendre rapide les pentes de leurs gosiers. L’homme qui heurte le premier la table de son verre vide est proclamé vainqueur.

Les étrangers qui prennent part à une Kneipe et qui désirent se comporter à la manière allemande feront bien, avant de commencer, d’épingler leurs nom et adresse sur leur veston. L’étudiant allemand est la courtoisie personnifiée et, quel que puisse être son propre état, il veillera à ce que, par un moyen ou un autre, ses hôtes soient reconduits chez eux sains et saufs avant l’aurore. Mais naturellement on ne saurait lui demander de se rappeler les adresses.

On me raconta l’histoire de trois hôtes d’une Kneipe berlinoise qui aurait pu avoir des résultats tragiques. Nos étrangers étaient d’accord pour pousser les choses à fond. Chacun d’eux écrivit son adresse sur sa carte et l’épingla sur la nappe en face de sa place. Ce fut une faute. Ils auraient dû, comme je l’ai dit, l’épingler à leur veston. Un homme peut changer de place à table, même inconsciemment et réapparaître de l’autre côté ; mais partout où il va il emmène son veston.

Sur le matin, le président proposa que pour la plus grande commodité de ceux qui se tenaient encore droit, on renvoyât chez eux tous les mes-