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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/293

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l’imprimer à un nombre suffisant d’exemplaires que j’expédierais à travers les villes et les villages ; et tout serait dit.

On ne retrouve plus dans l’Allemand contemporain, personnage doux et placide dont la seule ambition semble être de payer régulièrement ses impôts et de faire ce que lui ordonne celui que la Providence a bien voulu placer au-dessus de lui, — on ne retrouve plus le moindre vestige de son ancêtre sauvage, à qui la liberté individuelle paraissait aussi nécessaire que l’air ; qui accordait à ses magistrats le droit de délibérer, mais qui réservait le pouvoir exécutif à la tribu ; qui suivait son chef, mais ne s’abaissait pas jusqu’à lui obéir. De nos jours on entend parler de socialisme, mais c’est d’un socialisme qui ne serait que du despotisme dissimulé sous un autre nom. L’électeur allemand ne se pique pas d’originalité. Il est désireux, que dis-je ? il éprouve l’angoissant besoin de se sentir contrôlé et réglementé en toute chose. Il ne critique pas son gouvernement, mais sa constitution. Le sergent de ville est pour lui un dieu et on sent qu’il le sera toujours. En Angleterre, nous considérons nos agents comme des êtres nécessaires mais neutres. La plupart des citoyens s’en servent surtout comme de poteaux indicateurs ; et dans les quartiers fréquentés de la ville, on estime qu’ils sont utiles pour aider les vieilles dames à passer d’un côté de la rue à l’autre. À part la reconnaissance qu’on leur marque pour ces ser-