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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/304

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rares et même ne se sert-on des « Droschken » que si le tram électrique, plus rapide et plus propre, est inutilisable.

C’est ainsi que l’Allemagne maintient son indépendance. Le boutiquier en Allemagne ne fait pas d’avances à ses clients. À Munich, j’ai accompagné un jour une dame anglaise qui faisait des courses. Ayant l’habitude des magasins de Londres et de New-York, elle critiquait tout ce que le vendeur lui montrait. Non qu’effectivement elle ne trouvât rien à sa convenance, mais parce que c’était sa méthode. Elle se mit à expliquer, à propos de presque tous les articles, qu’elle pourrait trouver mieux et à meilleur marché ailleurs ; non qu’elle le crût vraiment, mais elle pensait bien faire en le disant au boutiquier. Elle ajouta que le stock manquait de goût (elle n’avait pas d’intention offensante, je l’ai déjà dit, c’était là sa manière) et était trop restreint : que les objets étaient démodés ; qu’ils étaient banals ; qu’ils ne paraissaient pas solides. Il ne la contredit pas ; il n’essaya pas de la faire changer d’avis. Il remit les choses dans leurs cartons respectifs, rangea ces cartons à leurs rayons respectifs, s’en alla dans l’arrière-boutique et ferma la porte sur lui.

— Va-t-il revenir bientôt ? me demanda la dame après quelques instants d’attente.

C’était moins une question qu’une exclamation d’impatience.

— J’en doute, répliquai-je.