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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/303

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fait glisser avec un peu de bière, juste avant de se mettre au lit.

Mais ce n’est pas un gourmet. La cuisine française, non plus que les prix français, n’est pas en usage dans ses restaurants. Il préfère aux meilleurs crus de Bordeaux ou de Champagne sa bière ou son vin blanc national et à bon marché. Et en réalité cela vaut mieux pour lui : il semble, en effet, que chaque fois qu’un vigneron français vend une bouteille de vin à un hôtelier ou à un marchand de vins allemand, il soit obsédé par le souvenir de Sedan. C’est une revanche ridicule, car en thèse générale ce n’est pas un Allemand qui la boit : la victime est le plus souvent un innocent voyageur anglais. Il se peut aussi que le marchand français n’ait pas oublié Waterloo et pense qu’en tous les cas sa vengeance atteindra son but.

Les distractions coûteuses sont fort peu à la mode en Allemagne ; on n’en offre pas et on n’en attend pas. À travers le Vaterland tout se passe à la bonne franquette. L’Allemand ne dépense pas d’argent à des sports onéreux et ne se ruine pas en frais de toilette pour plaire à un cercle de parvenus. Il peut pour quelques marks satisfaire son goût de prédilection, une place à l’opéra ou au concert ; et sa femme et ses filles s’y rendent à pied avec des robes confectionnées par elles-mêmes et la tête enveloppée d’un châle. Les Anglais remarquent avec plaisir dans ce pays l’absence de toute pose. Les voitures privées sont très